Le bondage érotique
Traditionnellement, le shibari est une pratique Japonaise qui conjugue contrainte et érotisme. Dans cet article, je m’attache à développer ma pensée autour de la dimension érotique. Le shibari peut aussi être investi dans d’autres aspects, simultanément ou pas, un prochain article en parlera plus précisément.
J’invite à différencier les mots « érotique » et « sexuel ».
Le shibari suscite une excitation, un plaisir qui jouent sur plusieurs aspects. Un aspect corporel bien entendu et également un aspect imaginaire.
C’est l’ambiance, la sensualité dans le maniement des cordes, le rapprochement des corps qui est érotique. Se sentir à la merci de l’autre, se trouver dans des positions exposées peut être très agréable et excitant.
Il n’est pas nécessaire de basculer dans du sexuel. Par là, je fais allusion à des pratiques, des gestes dont l’intention serait de stimuler directement une zone génitale.
C’est une possibilité mais pas une finalité.
Mais alors pourquoi on s’attache ?
Le porno contribue à donner cette image sulfureuse, parfois violente du bondage qui consisterait en une mise en position contrainte pour des jeux sexuels. Ceux-ci sont souvent très codifiés, hétéronormés, brutaux et dénués de respect du corps et des ressentis. Il y a une forte notion de domination au sens forçage. Il est très rare de voir des expressions de lâcher-prise, de plaisir de la part de la personne attachée.
En réalité, ce fantasme de sexe attaché n’est pas toujours partagé. On peut tout à fait avoir envie de sentir la contrainte des cordes, pourquoi pas dans la nudité, sans pour autant avoir envie de plus. Il est essentiel de discuter au préalable avec votre partenaire de ce qui est bienvenu ou pas.
Mettre du sexuel dans son shibari
Premièrement, les jeux purement sexuels sont peu pratiques et risqués selon les bondages faits.
Ensuite, prendre le contrôle va au delà de « décider du scénario ». C’est à dire que cela demande aussi une certaine prestance dans l’image renvoyée. Or, la nudité ne sied guère aux personnes qui attachent, elle pourrait même manquer d’élégance.
Le shibari est un jeu d’échange de pouvoir. Une des premières manières de marquer ce point est de différencier la personne qui dirige de celle qui se laisse diriger. Le (non)-port de vêtements permet cette distinction.
De plus, lorsqu’on attache, nous sommes responsables de la personne attachée, donc il ne s’agit pas de perdre le contrôle de nous-même mais de veiller avec attention à tout ce qui se passe. Premièrement dans la bonne exécution des bondages. Mais aussi dans le déroulé des opérations, la lecture attentive de notre partenaire.
C’est pourquoi je vous invite à explorer la dimension érotique du shibari mais pas purement sexuelle. Si vous décidiez tout de même de sexualiser votre shibari, peut-être que des accessoires intimes, des sex-toys, seront plus adaptés, moins capricieux qu’une érection et permettront de maintenir la concentration sur la personne attachée sans partir dans votre propre excitation. Garder la maitrise de soi permet de rester focus et au service de l’autre. Nous n’attachons pas pour assouvir nos pulsions mais bien pour faire voyager nos partenaires en toute sécurité.
Explorer la dimension sensuelle dans le bondage érotique
Le shibari demande de la patience, sinon des menottes sont plus efficaces et sécuritaires.
Prendre le temps de réaliser vos bondages, c’est déjà être en train de jouer. Le but n’est pas d’attacher vite pour disposer ensuite de l’autre.
Le plaisir réside justement dans le fait de se sentir au centre de l’attention. D’échanger des regards, de ressentir pleinement la tension des cordes, leur glissé sur la peau.
En attachant proche de votre partenaire, vos chaleurs corporelles se trouvent, vos soufflent s’échangent..
Grâce à une ambiance chaleureuse, tamisée ou pas, une gestuelle calme, vous avez le temps de vous imprégner de sensualité.
Le bondage érotique invite à ralentir, à suspendre le temps.
C’est pourquoi il est important de soigner la qualité de son toucher pour la personne qui attache. Evitez de ne vous concentrer que sur les cordes et relevez la tête: il y a une personne face à vous. Jouez avec ses sens, variez le rythme, osez les jeux de regards. Installez une tension érotique qui monte doucement en déshabillant votre partenaire dans les cordes plutôt qu’en étant directement dans la nudité.
Il est davantage à voir comme un moment intime qui se suffit à lui-même, plutôt qu’un jeux à visée sexuelle.
Informations sécurité
Gardez en tête qu’une personne attachée ne peut pas partir et que son corps va ressentir de manière décuplée tout ce qui va se passer. La sécrétion d’endorphines augmente la tolérance à la douleur et biaise la capacité de réflexion. C’est pourquoi il est impératif de discuter ensemble de vos envies avant de pratiquer et d’éviter d’introduire des pratiques non discutées au préalable, l’esprit clair.
Une personne pleine d’endorphines peut sembler avoir envie de sexualité: n’oubliez pas qu’elle se trouve dans un état de conscience modifié et qu’elle ne peut consentir de manière éclairée. Savoir maintenir le cadre convenu c’est respecter votre partenaire. Un peu de frustration fait moins de dégât qu’un sentiment d’abus ou de confusion dans le jeu.
Pour aller plus loin
- N’hésitez pas à télécharger notre guide pour créer son questionnaire de pratiques, comprendre les enjeux d’un consentement enthousiaste et éclairé ainsi que les étapes indispensables pour une session de jeux réussie.
- Les cours privés sont tout à fait indiqués pour explorer en sécurité et adapter votre pratique à vos envies.
- Les séances privées sont l’occasion de venir explorer le bondage érotique en ayant l’assurance que ce moment est « pour vous et sans contrepartie »