Les limites dans le shibari: une réflexion nécessaire

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Les limites dans le shibari : un sujet central

La question des limites dans le shibari revient régulièrement. Dans cet article, je ne souhaite pas adopter une posture morale, mais proposer une piste de réflexion essentielle à toute pratique BDSM consciente.

Dans le milieu du shibari, on entend souvent parler de personnes qui veulent « dépasser leurs limites ». Mais qu’est-ce que cela signifie réellement ? Est-ce une envie profonde, un élan vers l’exploration… ou une manière de valider ses capacités, parfois au détriment de ses ressentis ?

Cette nuance est fondamentale : rechercher sans cesse à dépasser ses limites peut mener à la comparaison avec les autres, au risque de frustration ou d’une forme d’instrumentalisation du partenaire. Pourtant, le shibari et la sexualité devraient être vécus avant tout comme un moment pour soi, dans un esprit de plaisir, de bienveillance et d’écoute.


Qu’est-ce qu’une limite ?

Le dictionnaire définit la limite comme :

  • Une ligne de séparation (frontière).

  • Un point qu’on ne peut dépasser (barrière).

Dans le shibari, parler de « dépasser ses limites » implique d’abord de les reconnaître et de les définir. Sans introspection, comment savoir ce qu’il y a à « franchir » ?

Il existe en réalité différents types de limites :

Les limites souples

  • Elles dépendent souvent du contexte : partenaire, ambiance, environnement.

  • Leur exploration demande une communication claire et beaucoup de vigilance.

  • Attention : accepter une fois n’en fait pas une pratique définitivement acquise.

Les limites fixes

  • Ce sont des pratiques que la personne ne souhaite en aucun cas explorer, quel que soit le contexte ou le partenaire.

  • Les franchir volontairement constitue une violation grave du consentement.

Ainsi, quand on parle de « dépasser ses limites », il est essentiel d’être précis. S’agit-il d’une envie à explorer ou d’une barrière infranchissable que l’on souhaite absolument respecter ?


Les limites dans le shibari : contexte et perception

Un exemple parlant est celui de la fessée.

  • Donnée brutalement, elle peut être vécue comme violente et douloureuse.

  • Après un échauffement progressif, elle peut devenir intense, agréable.

Alors, quelle est la « vraie limite » ? Encaisser un énorme coup pour (se) prouver quelque chose ? O reconnaître que, selon le contexte, certaines situations sont agréables et d’autres non ?

C’est ici qu’intervient une question essentielle : « Est-ce que je fais cela pour mon plaisir, ma curiosité, mon partenaire… ou pour (me) prouver que je suis capable ? »


Un retour à soi pour mieux définir ses limites

Explorer les limites dans le shibari demande avant tout un retour sur soi.
Un exercice concret consiste à :

  1. Lister spontanément les pratiques qui viennent à l’esprit.

  2. Compléter cette liste à partir de photos, récits, vidéos, discussions.

  3. Observer les ressentis : excitation, curiosité, indifférence, rejet, dégoût ?

Puis se poser les questions suivantes :

  • Est-ce que je veux vivre cette expérience pour mon plaisir ou pour nourrir mon ego ?

  • Est-ce que je cherche à satisfaire mon partenaire ou à me montrer « capable » ?

  • Est-ce que cette pratique me ressemble ou m’éloigne de moi-même ?

Ce travail d’introspection aide à différencier une authentique envie d’exploration d’un besoin de reconnaissance extérieure.


Les limites concernent aussi bien celui qui reçoit que celui qui attache

Les limites dans le shibari ne concernent pas uniquement la personne attachée : elles s’appliquent aussi à celle qui attache.

À force de vouloir sans cesse « satisfaire l’autre », le risque est de se sentir instrumentalisé, réduit à un rôle de technicien ou de « prestataire ». Le shibari est une pratique d’échange : il est essentiel que les deux partenaires trouvent leur plaisir dans l’exploration des cordes, dans l’écoute et le respect mutuel.


Conclusion : respecter, explorer et communiquer

Réfléchir aux limites dans le shibari, ce n’est pas poser des barrières limitantes, mais au contraire ouvrir un espace de sécurité et de communication.
Une limite n’est pas forcément faite pour être dépassée ; parfois, elle est simplement là pour être honorée.

Plutôt que de vouloir sans cesse se confronter au « franchissement », il est plus juste de se demander :
👉 Est-ce une limite à respecter, ou une envie à explorer dans le bon contexte ?

En revenant à soi et en cultivant la communication, le shibari garde tout son sens : être une pratique intime, consciente, et réellement choisie.

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