Les limites dans le shibari

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Les limites dans le shibari

Les limites dans le shibari est un sujet qui revient régulièrement.  Je n’ai pas de posture morale en écrivant ces lignes. Ces dernières sont là pour accompagner un travail de réflexion qui me semble primordial.
De par mon métier et le milieu dans lequel je gravite, j’observe que certaines personnes semblent parfois accorder une importance particulière à vouloir « dépasser leurs limites ».

Comme si, finalement, il s’agissait plutôt de capacités à valider que d’envies à réaliser. Une question de sémantique en apparence mais qui induit une certaine position.

En voulant « dépasser leurs limites », certaines personnes semblent nourrir davantage leur image d’elles mêmes que leurs ressentis.
C’est ainsi qu’elles risquent non seulement de glisser sur la pente de la comparaison aux autres, de la frustration de « ne pas avoir été capable de… » mais aussi d’instrumentaliser leur partenaire ou d’être en recherche d’un constant dépassement de soi au détriment d’un moment pour soi. 

Je trouve cela dommage car à mon sens, la sexualité et donc les pratiques BDSM doivent être vécues pour soi, avec un esprit bienveillant (envers soi avant tout) et loin des prérogatives de réussite ou de critères de mesure.

De plus, des facteurs variés peuvent totalement biaiser la perception des limites.

Par exemple, une fessée peut être donnée sans préparation ou avec un échauffement progressif rendant la durée de la pratique longue et agréable.
Quelle était donc la limite relative à « recevoir une fessée » ?
Savoir si je suis capable d’encaisser un énorme coup sur les fesses sans pleurer ? Cela me sert -il à quelque chose ?Est ce que j’ai repoussé une limite et que la prochaine fois, il faudra frapper encore plus fort ? Ou est ce que je tire la conclusion que la fessée, c’est une limite pour moi sans prendre en compte le contexte dans lequel je l’ai reçue ?

Le dictionnaire nous propose plusieurs définitions du terme « limite »
– Ligne qui sépare deux terrains ou territoires contigus.
Synonymes : frontière
– Point qu’on ne peut dépasser.
Qu’est-ce qu’une limite ?

L’expression « dépasser ses limites » est souvent entendue dans le milieu du shibari mais qu’en est-il réellement ?

La première chose qui me vient en tête, c’est que pour « dépasser des limites », il faut déjà avoir une idée de ce qu’elles sont. Ceci suppose à mon sens, avoir fait ou prévu de faire, un travail introspectif sur soi. 

Si certaines limites seraient à dépasser et d’autres pas, de quelles limites parle-t-on ? Il y a quantité de limites: physiques, morales, pratiques à explorer…

Les  différents types de limites

  •         Les limites souples : souvent la réalisation dépendra du contexte (partenaire, environnement)

Attention, une personne qui accepte d’explorer une limite soft n’en fait pas pour autant une pratique acquise. De plus, il convient de bien communiquer et redoubler de vigilance lors de l’exploration de cette pratique.

  •         Les limites fixes : la personne ne souhaite en aucun cas explorer ces pratiques, quelque soit son partenaire ou le contexte. Franchir ces limites en connaissance de cause est un dépassement de consentement.

Le   terme « dépasser » sous-entend une trajectoire linéaire, des étapes (voire des blocages) à franchir

Il est essentiel de se demander en quoi est-ce important (pour soi) de les dépasser ?
Si l’on est plutôt enclin à le faire, finalement ces limites souples ne sont elles pas plutôt des « envies à explorer » ? 

 

Un retour à soi

Il me semble fondamental de prendre le temps de lister toutes les pratiques qui nous viennent en tête spontanément puis éventuellement, de compléter cette liste d’une recherche sur le web ou en observant ce que font les autres (photos, vidéos, récits, live, sorties, discussions…)

L’idée n’est pas de comparer mais de voir comment chaque pratique résonne en soi.

Est-ce que cela sonne comme quelque chose d’excitant, de joyeux ou plaisant ? Au contraire, cela génère-t-il du rejet du dégoût ou de l’incompréhension ? A moins que cela ne soit plus neutre, indifférent… Il y a-t-il une raison, un enjeu à réaliser telle ou telle pratique ? Est-ce que cela joue sur l’image que j’ai de moi ? Que l’autre ou les autres ont de moi ? Qu’ai-je envie de satisfaire ? Mon égo ? Ma curiosité ? Mon plaisir ? L’autre ?

Ce travail de visualisation et de ressenti peut aider à faire le tri dans les motivations à « dépasser une limite » et permettre de se recentrer.

Il s’agit vraiment de se questionner, non pas en terme de capacité mais en terme de plaisir ressenti ou à supposé. 
Ex: recevoir de la cire chaude sur le corps: est ce que cela me plait et m’excite, suis-je simplement dans la curiosité ou est-ce pour satisfaire mon égo, mon partenaire et (me) montrer que je suis « capable » ?

Important : Ce retour à soi concerne aussi bien les personnes qui reçoivent que celles qui donnent.

Il y a une limite à toujours vouloir satisfaire l’autre: se sentir instrumentalisé et réduit à faire faire des tours de manège. Il est essentiel que chacun puisse trouver son plaisir dans la pratique tout en écoutant l’autre.

 

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