J’ai envie de me faire attacher

Le shibari vous fait rêver, les suspensions en particulier, vous avez envie d’essayer ?
Quelques questions à se poser avant de se lancer !

J’ai envie de me faire attacher : Comment faire ?

Que ce soit par le biais d’une association de shibari ou pas, vous trouverez facilement une personne prête à vous faire vivre l’expérience. Pour autant, est ce la bonne personne ?

La durée en année de pratique, la notoriété sur les réseaux ne garantissent jamais totalement le niveau technique.
Vetting: N’hésitez pas à vous renseigner et lui poser des questions précises. Essayez de contacter d’autres pratiquant.es, asso, partenaire de cette personne pour avoir différents avis.

Les mêmes précautions valent pour prendre des cours. Toute personne qui manie les cordes n’est pas enseignante. Enseigner est un métier, partager des connaissances c’est autre chose.

Il s’agit d’une pratique corporelle comportant des risques, il est sain de se renseigner AVANT de se lancer.

Je compte pratiquer en intimité/ ne pas faire de suspension

Ces options ne dispensent pas de clarifier comment vous allez pratiquer ensemble.
Si la sécurité et le maniement des cordes ne vous sont pas encore familiers, c’est le moment de prendre un cours et progresser à deux.
Les tutos en ligne et autres livres ne valent jamais la correction d’un enseignant. Par conséquent, lors d’un cours, vous avez des corrections personnalisées sur le placement et la bonne tension des cordes.

J’ai envie de me faire attacher: quelles sont les sensations ? 

Tout le monde ne sera pas sensible aux mêmes choses. Certaines réactions sont inévitables et générales.
Dans un premier temps, la réaction physiologique du corps. Le cerveau libère des endorphines. Cette morphine possède une structure moléculaire proche de celle des opiacées.
Le taux d’endorphine est directement lié à l’intensité et à la durée de l’activité. Cet état particulier est décrit comme un état de conscience modifié.
Il est ressenti comme une flottaison dans l’irréel. Il peut persister après l’arrêt pendant 2 à 6 heures.

• L’effet antalgique des endorphines bloque la transmission des signaux douloureux. Par conséquent, la sensation de douleur est réduite.
• Cet effet biaise la capacité de raisonnement et fausse le consentement enthousiaste et éclairé. C’est pourquoi il est indispensable de définir un cadre avant de commencer et de s’y tenir.

On ne devient pas « accro » comme avec de la morphine, néanmoins, commencer à évoquer le « besoin » de se faire attacher n’est pas anodin.
Il est conseiller d’espacer les sessions de 15 jours minimum, le temps que corps et esprit récupèrent et reprennent un rythme de sécrétion de neurotransmetteurs « normal ». Émotionnellement, une session de shibari peut bouleverser.
La bulle créée avec la personne qui attache peut être magique avec la sensation d’être en osmose, en télépathie..

Le retour à la réalité peut être difficile et le rôle de la personne qui attache est aussi d’accompagner dans cette descente. Celle-ci peut parfois prendre du temps et se manifester quelques jours après par une baisse de tonus et de moral. Etre présent et prendre des nouvelles fait partie du rôle.

J’ai envie de me faire attacher : ce que ça ne doit PAS faire !

D’un point de vue physique : les cordes sont contraignantes, pas douloureuses.
Il faut serrer les cordes pour éviter qu’elles ne glissent. Bien les serrer et bien les placer!

Une bonne connaissance anatomique s’apprend en cours. En effet, il faut éviter le passage des nerfs, des articulations entre autres.

Consentement : perdre le contrôle, pas son intégrité 

Lâcher prise, abandon, perte de contrôle… oui mais pas n’importe comment avec n’importe qui.
Dans une session de shibari, deux personnes décident de se faire confiance et de créer un moment commun.
L’une des deux transfère à l’autre un certain champ de pouvoir. Celle qui reçoit ce pouvoir doit honorer la confiance qui lui est faite et ne pas en abuser.

Ne JAMAIS profiter de l’état modifié de conscience d’une personne attachée pour lui proposer/ faire quelque chose qui n’a pas fait l’objet d’un OUI explicite avant la session. Même si cette personne semble avoir changé d’avis en cours de session. Elle est dans un état de conscience modifié.

L’état modifié de conscience

Au cours d’une session de shibari, l’effet des endorphines fausse la perception des sensations, exacerbe les sens et augmente la tolérance à la douleur.
C’est pourquoi, il est évident que la prise de substances psychoactives avant une session n’est conseillée pour personne.

Définir un cadre de jeu clair et s’y tenir

Il est recommandé de remplir un questionnaire de pratiques pour cadrer le jeu.
Ces éléments permettent de baliser le déroulé de la session et de la vivre en confiance.

Les limites

La pratique du shibari ne nécessite pas de nudité au niveau des zones dites érogènes.
C’est la personne attachée qui décide de TOUT ce qui va se passer.
Si une pratique consentie ne vous plait plus, votre consentement est révocable, sans justification.
Il vaut mieux terminer une session de shibari avec de la frustration plutôt qu’avec perte de confiance et blessure psycho-émotionnelle.

A toutes les personnes impliquées

• Avant: Attention aux multiples biais de consentement: Vouloir plaire, ne pas décevoir, préserver une relation d’amour, montrer une image de soi sans tabou, vouloir profiter de l’occasion d’essayer quelque chose même si ce n’est pas la bonne personne, pratiquer avec une personne professionnelle ou qui a de la notoriété, craindre du rejet, redouter que la relation ne change suite à un ajustement qui offrirait moins de possibilités..
• Après: Attendez quelques jours que les émotions, la tension, les endorphines, l’excitation soient retombées et voyez si vous avez toujours envie d’explorer davantage et/ou avec cette personne. C’est le cas ? Bonne nouvelle pour la prochaine session!

Espérant que ces quelques lignes n’auront pas entaché vos envies mais apporté des pistes de réflexion, je vous souhaite de belles sessions de jeux.